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soundtrack of mylife - Page 6

  • Electric Masada : At the Mountain of Madness

    Double CD rempli à ras bords (plus de 2h30 de musique), cette deuxième parution discographique de l'Electric Masada documente deux concerts enregistrés lors de la tournée européenne du groupe à l'été 2004.

    Le premier disque a été enregistré à Moscou et le second à Ljubljana.

    On retrouve ce qui faisait déjà la force du précédent disque (et du concert auquel j'avais assisté à Vienne en 2003), mais dans un esprit encore plus rock je trouve. La reprise d'un thème de Naked City (Metal Tov) ne doit ainsi rien au hasard. Marc Ribot est plus incisif que jamais, la rythmique tourne à deux cents à l'heure, et John Zorn rageur comme à ses plus belles heures.

    Un disque qui laisse facilement K.O. si on l'écoute d'une traite

  • The Vandermark 5 : The Color of Memory

    Double album du saxophoniste et clarinettiste chicagoan, peut-être moins free qu'à l'accoutumée, avec ses fidèles Jeb Bishop (tb), Dave Rempis (sax), Kent Kessler (cb) et Tim Daisy (dms).

    A travers une série de huit thèmes, tous dédicacés à des personnalités aussi différentes que (entre autres) Art Pepper, Elvin Jones, Steve Lacy, Nino Rota ou encore Ray Charles, Ken Vandermark explore des territoires proches de ceux de Dave Douglas.

    On retrouve, comme chez le trompettiste, un jazz qui suit la tangente entre formes élaborées et deconstruction méthodiques, non sans rapport avec les folklores populaires et la musique de chambre.

    La collaboration avec les suédo-norvégiens d'Atomic a visiblement laissé des traces.

     

  • Biographie de The Clash

    C'est en 1976, à la fin d'un concert des 101'ers que Mick Jones et Paul Simonon (deux anciens étudiants des beaux-arts et respectivement guitariste et bassiste dans le groupe London SS) craquent sur le chanteur, un certain Joe Strummer, et lui proposent de les suivre pour fonder The Clash. Rejoint par le batteur Terry Chimes, lui-même remplacé très vite par Topper Headon, le groupe se taille en quelques mois une réputation incendiaire dans le milieu punk qui commence à agiter la capitale londonienne. En 1977, un premier single White Riot se classera dans les charts anglais avant la sortie chez CBS du premier album du groupe, tout simplement intitulé The Clash et enregistré seulement en trois week-ends ! La production ultra-dépouillée de ce premier album, les textes politiques et idéalistes de Joe Strummer et l'incroyable présence scénique du groupe, vont imposer The Clash comme LE groupe punk, les Sex Pistols continuant de s'enfoncer dans le nihilisme avant de se saborder en 1978.

    Mais The Clash est surtout le premier groupe rock à intégrer le reggae, musique alors très marginale, avec la fameuse reprise de Junior Murvin, Police And Thieves et White Man In Hammersmith Palais qui sera élu single de l'année dans de nombreuses revues. Le groupe part alors sur le White Riot Tour avec The Jam et The Buzzcocks pour finir par une date au London Rainbow Theatre où le public déchaîné arrachera tous les fauteuils de la salle. L'image de rebelles et de hors la loi de The Clash ira croissant suite à quelques démêlés avec la justice pour vandalisme et tir aux pigeons en plein Londres, incident qui donnera lieu à la chanson Guns On The Roof.

    clash.JPGChangement de son en 1979 avec Give 'Em Enough Rope, leur deuxième album produit clairement pour conquérir le marché américain, sous la pression de leur maison de disques, par Sandy Pearlman (producteur du Blue Oyster Cult), qui fera crier à la trahison heavy metal certains fans du groupe. S'ensuit leur première tournée américaine et un EP The Cost Of Living où figurera la fameuse reprise de Bobby Fuller Four, I Fought The Law. Le disque finira à la deuxième place des charts anglais mais le groupe est déjà parti sur d'autres projets : une nouvelle tournée américaine avec Bo Diddley, Screamin' Jay Hawkins et The Cramps, prouvant la fascination qu'exerce le rock'n'roll américain et ses légendes sur nos sujets britanniques et un film Rude Boy qui suit la vie de The Clash en tournée à travers les yeux d'un fan paumé et qui sortira en salles au printemps 1980.

    Pour leur troisième album, un double, le groupe n'entend plus se laisser dicter de conditions par qui que ce soit et, épaulé par le producteur Guy Stevens, entreprend ce qui sera le gros œuvre de sa carrière, le mythique London Calling. Dans ce qui restera comme l'un des disques les plus importants de l'histoire du rock, reggae, punk-rock, New-Orleans, rockabilly et ska se côtoient dans le plus grand bonheur et mettent le feu à la popularité de The Clash.

  • Paquito D’Rivera – Brazilian Dreams, suite

    riviera.JPG« Manha De Carnival/Gentle Rain » voit le retour des voix calmer l’ardeur suscitée par les cuivres querelleurs du morceau précédent. On est sur une ballade langoureuse d’abord menée par une clarinette triste et grave. La section rythmique est une fois de plus incroyable dans son rôle de soutien sur la rythmique bossa douce et triste. Le piano prend le relai pour la première fois ici histoire de nous rappeler que la nation cubaine compte également dans ses rangs un bon nombre de pianistes virtuoses. Des cymbales retentissent comme pour nous signaler la fin du morceau, puis la guitare continue seule rattrapée par une voix poignante puis par l’orchestre et les chœurs qui mettent fin à cette ballade douce amère. La suite se veut plus inquiétante. Une basse régulière claque, les cuivres et la clarinette soufflent une note insistante jusqu’à un break et le départ du classique « Desafinado » rendu célèbre par Stan Getz. La voix féminine qui nous avait envoûtés sur le premier titre revient se joindre à la voix masculine du morceau précédent. Ils sont ensuite harmonisés par les chœurs brillamment orchestrés donnant un sérieux coup de jeune à ce « Desafinado ». La clarinette y va également de son petit solo, véritable rayon de lumière dans ces brumes douceâtres envoûtantes.

     

    Paquito de nos jours

    Le flot léger des voix du chœur new-yorkais s’élèvent lentement et tapissent les murs naîssant de ce « Modinha ». Puis la voix principale s’élance, soutenue seulement par des voix remplaçant l’orchestre à merveille. Toutes ces âmes sembler pleurer à l’unisson, menées par le charisme du chant principal repris ensuite par une clarinette vive qui sauve ce morceau d’un naufrage dans les mers épaisses et boueuses de la douleur lancinante pleurée plus tôt. Les voix s’élancent plus vigoureuses grâce à l’aide apportée par D’Rivera mais la chanson se meurt tout de même dans une émotion lourde et magnifique. Mais alors que tout semblait perdu, les voix profondes entament un « Meu Amigo » plus positif. Les notes semblent descendre une pente vertigineuse en rebondissant les unes sur les autres jusqu’à ce que la clarinette n’étende un voile les empêchant de tomber éternellement. La scène se répète ainsi et voit petit à petit les autres instruments entrer et se mêler tranquillement à la danse macabre et bizarre entamée ici. Puis la rythmique bossa démarre réellement et les voix toujours plus puissantes continuent invariablement leur descente en rebondissant  et en dansant allègrement les unes avec les autres dans un mélange merveilleux. Puis, la batterie claque doucement, la basse en fait de même lançant ainsi ce « A Ra » sur les rythmes entraînant du Brésil dont il est question depuis le départ. Les cuivres entonnent un thème majestueux à l’unisson puis les solistes s’élancent tels des rois sans peur, le saxophone en premier. Le rythme essaie de le tromper mais le soliste répond à merveille aux changements et tournants vertigineux de l’orchestre. Le tout se calme un instant laissant la trompette discourir à son tour. Cette dernière mène la danse de main de maître et relance l’orchestre dans un engouement similaire à celui auquel on a eu droit dans le solo précédent. Le piano prend une nouvelle fois son temps de parole et part dans des envolées bluesy sur ces sonorités bossa, puis c’est la basse qui se lance avant la répétition du thème initial mettant un terme à un morceau une nouvelle fois grandiose.

    Les voix reviennent calmer un peu les choses dans un « Retrato Em Branco E Preto » poignant. On est dans quelque chose de moins larmoyant que le « Modinha » précédent mais les accords plaqués par un piano sévère et urbain amènent une couleur blues indéniable. La clarinette prend le lead soutenue par une nouvelle rythmique bossa et les voix profondes de l’ensemble new-yorkais. Les arrangements et la maîtrise des musiciens est une nouvelle fois au rendez-vous et nous délivrent une interprétation puissante et fraîche. Mais avant qu’on ait eu le temps de se morfondre, une guitare étrange résonne rapidement jointe par le piano la reprenant, lui donnant ainsi l’opportunité de s’exprimer librement sur ce « Red On Red ». Le mariage des deux instruments rivaux fonctionne à merveille. Je dis « rivaux » car les deux instruments ont souvent un rôle un peu similaire (d’où le titre sûrement) et se retrouvent rarement seuls l’un et l’autre. Le son sec et rugueux de la guitare se marie à merveille aux embardées lyriques d’un piano volubile. La danse folle des deux instruments s’achève ainsi dans une démonstration tout en finesse nous permettant de prendre une respiration bienfaitrice avant l’ultime morceau. Les cuivres et les voix font un retour fracassant pour ce « Snow Samba ». On a ainsi droit à un dernier tour de scène de tous les musiciens et artistes ayant contribué à ce disque hors du commun.

    Brazilian Dreams constitue un réel effort de rajeunissement d’un jazz brésilien trop souvent et injustement considéré comme obsolète. Si le tout est parfois un peu rocambolesque, les liftings imposés à des classiques tels que « Desafinado » ou « Corcovado » font un bien fou à des chansons mille fois reprises et entendues. Le son et la pâte de D’Rivera est également un atout de charme et finissent d’en faire un enregistrement exceptionnel.

  • Le pianiste américain Uri Caine interprete Gustav Mahler

    Dark Flame, 2003 : Cette troisième plongée dans le répertoire mahlerien renouvelle quelque peu l'approche. Tout d'abord en explorant d'autres morceaux du compositeur (uniquement des lieder, exit les symphonies), ensuite en élargissant la palette stylistique comme en témoignent les interprétations des poèmes du Chant de la terre par des musiciens... chinois ! Une façon de rappeler, pour Uri Caine, que Mahler a mis en musique dans cette oeuvre des poèmes de Li Tai Po. On en retrouve donc ici une version originale (dans les deux sens du terme). La collision entre une chorale baroque allemande et une chanteuse gospel est un des autres nombreux moments forts d'un disque qui n'en manque pas.

    Mais, le principal intérêt de ces disques est de ramener ensuite une oreille encore plus réceptive et éduquée vers les charmes de l'éxécution classique des oeuvres de Mahler. La distance entre les deux interprétations est d'ailleurs assez grande pour qu'on puisse, selon l'humeur, choisir d'écouter l'une plutôt que l'autre, tout en y trouvant toujours une grande émotion.

    Et pour ceux qui voudraient quelques belles versions - classiques pour le coup - des lieder de Mahler, je ne saurais trop conseiller l'interprétation du Chant de la terre par Christa Ludwig et Fritz Wunderlich, sous la conduite d'Otto Klemperer (Emi Classics, 1967, rééd. 1998), et la collection de lieder chantés par l'immense Dietrich Fischer-Dieskau (EMI Classics, 1955-56, rééd. 2001)

     

  • Paquito D’Rivera – Brazilian Dreams

    On pourrait penser aujourd’hui que tout en ce bas monde est cause perdue, que rien n’en vaut vraiment plus la peine, que partout où l’on regarde, on ne voit que corruption et égoïsme. Pourtant, il existe une terre sacrée, baignée par le soleil et les vents marins que la société de consommation n’a pas encore frappé de son joug infernal. Et pour cause : un général en garde les frontières avec plus ou moins de vigueur depuis de nombreuses années.

    Pour beaucoup de musiciens de jazz et d’ailleurs, Cuba a constitué un vivier de musiciens au talent certain bercés par une musique hors norme et titillés par un jazz américain pas si lointain. C’est par exemple le cas d’un musicien et artiste exceptionnel. Paquito D’Rivera, fils de musiciens, se construit rapidement une réputation de saxophoniste et clarinettiste prodige sur son île.

    paquito.JPGLà où ça devient intéressant, c’est que dans les années 80, D’Rivera décide lors d’une tournée en Espagne, de demander asile à l’ambassade américaine, laissant derrière lui femme et enfant.

    Une fois à New York, il parvient toutefois à extrader sa famille et à reconstruire sa vie grâce à des membres de sa famille mais également une communauté de jazzmen sûrs de son talent parmi lesquels on retrouve un certain Dizzy Gillespie, toujours présent lorsqu’il s’agit d’enrôler les meilleurs musiciens fumeurs de havanes de la planète. Au cours des ans, le talent de Paquito parle de lui-même et sa réputation grandit à une vitesse folle. Il devient rapidement une référence tant dans le monde du jazz que du classique. 

    C‘est au début des années 2000 que le cubain virtuose enregistre un live hors du commun accompagné des New York Voices pour un mélange des genres et des cultures propre à la tradition cubaine. Ce qui en ressort est ce Brazilian Dreams sensationnel

    Les voix et la clarinette se mélangent d’entrée de jeu et donnent le ton sur ce « Corcovado ». Puis un break à la batterie est fait, une voix douce mais puissante s’élève et vient nous lécher telle une flamme volatile sur une rythmique bossa nova enivrante. Les arrangements s’étoffent des chœurs new-yorkais et de l’orchestre mené de main de maître par Paquito et ses violonistes.

    Ces voix apportent une fraîcheur inconnue à un genre qui commence à se faire vieux et le génie de D’Rivera fait le reste. Le charme opère à merveille, peut être même un peu trop jusqu’à une accélération subite et au solo de clarinette du génie à lunette. Tout s’emballe ici, les corps de décrispent et tout semble danser autour de nous. Les notes s’égrènent et ne se ressemblent pas, puis tout ralentit à nouveau et les voix entonnent le thème à l’unisson. On est comme enveloppé par un amas de nuage frais par une chaude nuit d’été. C’est si bon… Puis la batterie retentit avec vigueur suivie de près par les cuivres qui nous sortent brutalement de la rêverie délicieuse dans laquelle nous étions. La clarinette s’élance sur un rythme cubain entraînant mais triste. La course poursuite entamée dans ce « One For Tom » ne se terminera pas bien j’en ai peur.

    Les instruments se parlent et se répondent tour à tour soutenus par une batterie aux breaks ravageurs et une rythmique basse – piano – guitare leur permettant toutes les fantaisies imaginables. Tout se calme ensuite et la clarinette s’élance seule soutenue par la guitare avant d’être reprise par une trompette agressive et jouissive de Claudio Roditi . On a l’impression d’assister à une course poursuite entre deux voitures faisant feu l’une sur l’autre, se dépassant et s’affrontant dans les courbes dangereuses d’une route cubaine. Mais au lieu d’être armés de mitrailleuses, les hommes à bord des véhicules sont munis de leur trompette, trombone ou clarinette pour leur boss. Comme prévu, la poursuite se termine mal. Le thème se répète puis les cuivres ferment la danse sur un accord rageur.