John Zorn : Masada Rock
Ca faisait quelques temps que je n'avais pas parlé de Masada. Voici donc quelques nouvelles du projet zornien à travers deux disques parus récemment. Des disques dont j'annonçais d'ailleurs la sortie dans une précédente note.
Le volume 11 de la Birthday Celebration series consacrée aux concerts donnés au Tonic en septembre 2003 pour les cinquante ans de John Zorn est un triple CD du Bar Kokhba Sextet. Il couvre ainsi trois des quatre sets donnés par le groupe les 12 et 13 septembre. Le premier du 12, et les deux du 13 pour être précis. Le deuxième set du 12 est passé à la trappe pour on ne sait quelle raison. Reste qu'avec trois sets et plus de trois heures de musique, il y a quand même de quoi largement combler le fan que je suis. A l'origine Bar Kokhba était le nom d'un double album paru en 1996 sur lequel des musiciens issus de la Downtown Scene jouaient des thèmes de Masada en petites formations. Deux ans plus tard, un autre double album sur le même principe, The Circle Maker, mettait en lumière deux groupes : le Masada String Trio (Mark Feldman au violon, Erik Friedlander au violoncelle et Greg Cohen à la contrebasse) sur le premier disque, et le Bar Kokhba Sextet (les trois précités plus Marc Ribot à la guitare, Joey Baron à la batterie et Cyro Baptista aux percussions) sur le second. C'est ce groupe qui s'est reformé pour l'occasion. En cinq ans, le son du groupe s'est quelque peu modifié, pour s'enrichir.
L'influence de l'Electric Masada se fait sentir par moments, notamment dans le jeu de Marc Ribot. De manière générale, le son du groupe est plus incisif, moins léché que sur The Circle Maker. Le format des morceaux est ralongé, les musiciens se permettent de prendre plus de solos. Tout cela est sans doute dû à l'enregistrement live de la performance et au murissement du projet Masada, joué par un nombre toujours croissant de musiciens. On est ici en présence d'une interprétation de Masada faite de diverses influences, au confluent des styles personnels des musiciens présents.
Il y a des éléments de surf music (Marc Ribot), des percussions dans un style exotica (Cyro Baptista), des incursions dans la musique de western (Zorn est un grand fan d'Ennio Morricone), une paire rythmique plus clairement ancrée dans le jazz (Greg Cohen et Joey Baron), et des jeux de cordes empruntés à la composition contemporaine (Mark Feldman et Erik Friedlander). Et bien sûr, le parfum oriental des mélodies de Masada. Une approche légère du songbook composé par Zorn, qui s'écoute avec un grand plaisir.